histoire d'une forteresse volante abbattue à Saint-Colomban, près de Nantes, le 4 juillet 1943
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résumé historique
MEMORIAL DE BESSON
1943 - 2004
3,4,5 juillet 2004
revue de presse
HISTOIRE DU B17
N° 42-5053
briefing
crash 4 juillet 1943
à St-Colomban
Un Focke Wulf dans
le lac de grand-lieu
EQUIPAGE DU B17
10 jeunes
Etats-Uniens
fiche technique b17
TEMOIGNAGES
compatriotes
évasion du navigateur
évasion du pilote
familles de
l'équipage
REMERCIEMENTS
participants bénévoles
AVIS DE RECHERCHE
familles aux USA
rapport
3,4,5 juillet 2004


5 juillet 2004 - 3ème JOUR

Nous avons rendez-vous à l'hôtel de ville de Saint-Colomban qui nous est maintenant familier et nous composons notre convoi d'autos. Jessica Viaud est notre traductrice officielle aujourd'hui et elle est accompagnée de Corinne Pouvreau et Didier Giraudeau qui continuent d'être nos anges-gardiens tout au long de notre visite attentifs à nos moindres désirs.

Nous nous arrêtons d'abord près du champ où Ralph McKee a atterri en parachute. Notre guide est Raymond Pouvreau, le père de Corinne, il avait sept ans au moment du crash du B17. Il a entendu de nombreuses fois l'histoire par Marcel Biret un cousin de la famille. Le père de Corinne nous raconte comment Marcel Biret et Célestin Dugast repèrent le point de chute du parachute et rejoignirent rapidement à bicyclettes le lieutenant de l'armée de l'air. Marcel s'occupa du parachute et le cacha à la base d'un arbre pendant que Célestin fit signe à Ralph McKee de prendre la bicyclette de Marcel Biret et de s'éloigner avant que les Allemands arrivent. Ils descendirent en vélo une petite route entre quelques fermes et plusieurs camions de soldats allemands les croisèrent. Dans leur hâte de rechercher l'aviateur qui avait été vu en parachute, les Allemands passèrent droit devant les deux cyclistes, dont un était en tenue de vol ! Le cœur battant, Ralph et Célestin continuent sur leur vélo jusqu'à ce que Célestin décide de quitter la route en coupant rapidement à travers champs. Le parcours des deux hommes à bicyclette a dû être bien rude, surtout pour Ralph qui avait une vertèbre fracturée. Nous empruntons à pied le parcours pratiqué par les deux hommes à travers champs, 61 ans plus tôt. C'est plein d'émotion que nous empruntons à pied le même itinéraire que notre père il y a 61 ans où il a failli être capturé par les Allemands.

En voiture, nous allons à l'ancienne ferme des Biret. Elle est maintenant la propriété de quelqu'un d'autre que les organisateurs n'ont pas pu joindre, aussi nous sommes contents de regarder à la grille et de prendre en photos l'extérieur de la maison y compris le grenier à foin où Ralph passa sa première nuit épuisé. Durant toute la journée les Biret déplacèrent le jeune lieutenant le cachant dans des haies par sécurité. En effet le lendemain et pendant plusieurs jours les soldats allemands inspectèrent leur maison à la recherche de l'aviateur américain. Il fut décidé de déplacer l'Américain le jour suivant car il était dangereux de le garder trop longtemps au même endroit.

Ralph fut déplacé sur une charrette avec un peu de foin sur lui. Un cheval tirait la charrette sur les routes et à travers les champs pour quitter la ferme. Puis munis de canne à pêche on pouvait penser que deux garçons étaient sur le chemin d'un lieu de pêche. Ralph fut laissé au bord d'un marais avec un peu de pain, de fromage et une bouteille de vin. Cette même charrette l'emmena plus tard dans une autre ferme.

Sur le chemin de la seconde ferme, notre convoi s'arrête afin que nous admirions le lac et un charmant château sur son rivage. Un chasseur allemand fut abattu et s'écrasa dans ce lac le 4 juillet 1943. Il est plus que probable que l'avion ait été abattu par un des membres de l'équipage du B-17 #42-5053. Peut-être un des équipiers a-t-il eu le mérite d'avoir abattu l'avion allemand. Il y a plusieurs années quelques historiens locaux eurent le projet de récupérer l'avion allemand et contactèrent la famille du pilote pour obtenir leur autorisation puisque la dépouille mortelle du pilote est encore dans l'épave. La famille du pilote était d'accord mais le gouvernement français ne l'autorisa pas et l'épave est toujours dans le lac.

Nous nous dirigeons au village de la Hairiau pour visiter la ferme de Joseph Guillet dont la femme est la nièce de Jean-Baptiste Guilbaud maintenant décédé. Les quatre nièces de Monsieur Guilbaud sont à la ferme avec leur famille pour nous accueillir. Elles nous montrent où fut caché Ralph près du tas de fumier (maintenant un jardin) et sous le pressoir. Ils nous donnent des cartes sur lesquelles elles ont marqué la route que Ralph a emprunté pour rejoindre leur ferme. La famille est très fière du rôle qu'elle a joué pour secourir un aviateur américain et nous sommes encore pleins d'émotion à la pensée de ces Français et Françaises courageux qui risquèrent leur vie pour aider Ralph McKee à s'échapper vers la liberté. Après plusieurs jours à la ferme Guilbaud, la résistance était finalement contactée et six jours après que l'avion ait été abattu, Ralph quitta la ferme et fut pris en charge jusqu'à Basse-Indre (maintenant Indre).

Nous nous rendons à Indre par le bac. Plusieurs véhicules de la famille Ligonday attendent notre convoi à la sortie du bac. Joël nous stupéfie en exhibant ce qui semble au premier abord un foulard de soie mais qui est en réalité une carte de France imprimée sur soie. Joël nous dit que notre père Ralph McKee laissa chez Ligonday cette partie d'équipement de fugitif quand il partit pour l'Espagne.

Nous garons nos voitures et marchons vers le 1 rue Charles Laisant où se situait en 1943 l'officine et l'appartement de Jean Ligonday le pharmacien de la ville et membre de la Résistance. Jean et son ami Félix Guyot ont à l'occasion aidé 12 Américains à s'échapper des Allemands. Nous empruntons un passage de la pharmacie à l'ancienne épicerie de Félix Guyot et apprenons que Ralph et le pilote Bill WetzelL empruntèrent le même chemin dans la nuit sombre pour assister à plusieurs rencontres d'organisation de la résistance pour trouver et tracer le chemin qui les amènerait hors de France.

Nous marchons jusqu'à la place Jean Ligonday qui a été ainsi nommée à la mémoire du père de Danielle et Joël. Sur le panneau on peut lire " Résistant- déporté - 1-11-1907 / 9-11-1974 ". Nous continuons à marcher dans Indre et trouvons le panneau " Stade Félix Guyot " indiquant la direction du stade municipal ainsi dénommé en l'honneur de Félix Guyot. Comme nous montons une raide colline vers l'église de la ville, nous voyons un immense drapeau américain flottant en notre honneur. Nous nous rendons au cimetière jusqu'à la tombe de ce célèbre combattant pour la liberté, Jean Ligonday, nous nous recueillons pour marquer notre estime à cet homme qui a contribué à sauver la vie de notre père. Plusieurs mois après avoir aidé Ralph et Bill à fuir, Jean fut jeté en prison pendant 15 mois et torturé afin de donner les noms des autres membres de la résistance, ce qu'il ne fit pas.

Ensuite nous continuons vers l'hôtel de ville d'Indre où nous sommes accueillis chaleureusement par le maire suivi encore d'un autre vin d'honneur. Le maire Alcide Maquaire nous informe que le drapeau américain que nous avons vu est le premier à être dressé à Indre et qu'il est très fier de notre visite. Apparemment la tâche fut difficile pour trouver deux grands drapeaux américains en quatre jours seulement.

Après le vin d'honneur et les toasts, on nous confie une médaille pour Ralph McKee, et Danielle et Joël nous offrent quelques cadeaux. Danielle raconte une anecdote sur Ralph et Bill Wetzel, lorsqu'ils étaient cachés chez elle, ils avaient apprécié les cerises à l'eau de vie. Elle approvisionnait discrètement les jeunes aviateurs autant qu'ils le désiraient jusqu'à ce que ses parents le découvrent. Elle nous offre une bouteille de cerise à l'eau de vie à ramener chez Ralph. Elle n'a pas quitté la poupée qu'elle a prénommée Raphaëla en l'honneur de Ralph.

Nous nous groupons sur les marches de l'hôtel de ville pour des photos avec le second drapeau américain et l'on nous offre des tirages environs dix minutes après. Mais tout à coup Larry, Vicki et Garry McKee s'aperçoivent qu'il est l'heure de prendre le TGV à Nantes pour Paris.

C'est plein de larmes que nous disons au revoir à nos nouveaux amis français avec une foi renouvelée en la bonté de l'homme et un respect pour les Français qui veulent garder vivant l'histoire et la mémoire de leur libération. Nous faisons le vœu de revenir et de nous revoir bientôt.

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Helen M. Duncan et Dianne M. Rhodes