Joseph Jouanno - 22/09/2007 (84 ans)
"ce fut le crash dans le lac"

A l'époque j'habitais à Saint-Lumine de Coutais. Cette journée du 4 juillet 1943, je me trouvais à la sortie du bourg de Saint-Lumine sur la route de Saint-Philbert. J'entendais un combat aérien au-dessus de moi : crépitements de mitraillettes, moteurs...
C'est à ce moment que j'aperçus d'abord le chasseur allemand tombant en piqué, moteur en plein gaz. Après quelques secondes de chute verticale, ce fut le crash dans le lac (1), entraînant certainement la mort du pilote. Une grande gerbe d'eau jaillit et ce fut terminé.
Ensuite, j'aperçus du côté de Saint-Philbert un autre avion en feu s'écraser en campagne. Je me dirigeai aussitôt à bicyclette vers le bourg de Saint-Philbert. J'arrivai sur la place de l'église où je décidai de stationner un moment. Je ne me souviens plus exactement mais je vis une voiture allemande du type "jeep" arriver et stopper sur la place. A bord, il y avait les aviateurs américains, quatre ou cinq peut-être. Ils étaient vêtus de blousons de cuir marron, et d'un pantalon de flanelle grise. Ils ont dû demander à boire, car un soldat allemand partit vers le café de la place leur chercher de la bière, il me semblait.
Ma famille et moi-même sommes arrivés en février 1943 à Saint-Philbert. Mon oncle y était gendarme. Nous arrivions de Port-Louis à côté de Lorient. La vie était devenue impossible dans la région lorientaise, la ville ayant déjà été anéantie par les bombardements survenant chaque nuit. Je travaillais à l'arsenal de Lorient où je me rendais tous les jours par la navette de Port-Louis, avec escale dans la fameuse base sous-marine.Je fus le témoin du départ et de l'arrivée de nombreux sous-marins, car la guerre sur mer était intense à cette époque.
J'habite depuis quelques années une petite commmune de bord de mer, à l'entrée de la rade de Brest, elle aussi chargée d'histoire.

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(1) Près du lieu dit "Bel Air", face à l'île verte du lac de grand lieu

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