histoire d'une forteresse volante abbattue à Saint-Colomban, près de Nantes, le 4 juillet 1943
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résumé historique
MEMORIAL DE BESSON
1943 - 2004
3,4,5 juillet 2004
revue de presse
HISTOIRE DU B17
N° 42-5053
briefing
crash 4 juillet 1943
à St-Colomban
Un Focke Wulf dans
le lac de grand-lieu
EQUIPAGE DU B17
10 jeunes
Etats-Uniens
fiche technique b17
TEMOIGNAGES
compatriotes
évasion du navigateur
évasion du pilote
familles de
l'équipage
REMERCIEMENTS
participants bénévoles
AVIS DE RECHERCHE
familles aux USA
rapport
TEMOIGNAGES compatriotes


Léon BertinLéon Bertin - août 2003 (79 ans)
"La kommandantur était un ancien café"

Le dimanche 4 juillet 1943, était le jour de la seconde fête Dieu qui se célébrait l'après-midi, par une procession au calvaire de la croix verte. Je me trouvais avec un camarade Jean Brossard aux environs de 11H00, (Heure allemande) au carrefour de la route de la Barbatière, à l'angle du cimetière, où nous faisions la décoration de la rue.
C'est alors que nous avons entendu le ronronnement d'avions. Levant les yeux, nous avons identifié une escadrille de " forteresses volantes ", les B17, ces redoutables bombardiers américains venant du Nord, direction sud. A ce moment ils survolaient l'aérodrome de Château-Bougon, à une dizaine de kilomètres à vol d'oiseau, d'où nous étions. Nullement surpris, ces vols étaient assez fréquents et parfois très importants. Je me souviens d'un autre dimanche matin où des escadrilles anglaises, celles-là, se sont succédées plusieurs heures direction sud.
Au moment où la formation de b17 arrivait à la verticale de St-Colomban, elle a été rejointe par 3 chasseurs allemands, des messerchmits (1). Je pense que la bataille a fait rage immédiatement, pendant un temps que je ne saurais déterminer. Ceci au-dessus de nos têtes. Une bataille aérienne impressionnante et angoissante, avec en plus le crachement des mitrailleuses!
Les balles perdues sifflaient et tombaient de tous côtés. Nous nous sommes précipités sous l'auvent de la porte de la mairie, d'où nous pouvions suivre la bataille sans trop de risques.
Lorsque le b17 a été touché, il est resté en arrière de l'escadrille. Une fumée blanche dans son sillage ne laissait aucun doute sur la gravité de sa situation. Puis brusquement, il a amorcé un virage décrivant un cercle et perdant rapidement de l'altitude. Une fumée noire et compacte s'échappait de l'avion.
C'est à ce moment, que nous avons vu apparaître dans le ciel, les champignons blancs des parachutes. Notre attention, très vive, s'est portée sur l'avion qui tombait, dans un grondement effrayant. Spectacle hallucinant. Cette énorme masse de flammes rouges dans un nuage de fumée noire épaisse qui descendait à une vitesse vertigineuse et explose, les morceaux volant enflammés. L'explosion a eu lieu a une basse altitude, 800 à 1000 mètres peut-être. D'où nous étions, l'on jugeait le lieu de chute, à 2 km environ, ce qui était le cas.
Les Allemands qui étaient à St Colomban à ce moment là, manifestaient leur joie à la vue de la chute de l'avion américain. Joie quand même refroidie par la chute des 2 chasseurs allemands.
Dans les minutes qui ont suivi, ce fut le branle-bas de combat des Allemands qui arrivaient en renfort de toutes parts, casqués, armés, dans leurs véhicules blindés ou non, barrant les routes, les chemins et les champs à la recherche des aviateurs américains. Ils étaient deux à trois cent peut-être. Cela faisait beaucoup de monde dans l'agglomération avec la sortie de la messe et en plus, la " kommandantur " située sur la place de l'église au n° 2 actuel. (La kommandantur était un ancien café, dont le propriétaire, Eugène JAUNATRE, avait été relégué, à l'arrière, dans une mansarde. Eugène JAUNATRE, farouche Gaulliste, fut président fondateur du " comité de libération " en 1944) La chasse aux parachutistes ne fut pas tellement fructueuse. Un seul Américain, je le revois très bien, debout dans un véhicule militaire, entouré de soldats allemands assis de chaque coté. Ils tenaient sans doute à ce que les Français le voient. Dans l'après-midi, je suis allé voir à Besson où l'avion était tombé. C'était un spectacle de désolation, le champ de blé fumant. La carcasse ou ce qu'il en restait, les morceaux. Des Allemands partout qui ont fini par expulser les nombreux civils venus voir.

(1) En réalité, des Focke-Wulf 190

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Bourg de St-Colomban
sous l'occupation Allemande