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Angèle Bernier - février 2001 (80 ans) "les références du libérator N° 25053 "Little Hell's Angel"
Le 4 Juillet 1943, peu avant midi, un bombardier allié libérator qui venait de faire presque table rase de l'aérodrome de Château-Bougon, s'écrasait, en flammes à Besson, touché par la DCA. Des heures fiévreuses suivirent : le lâcher de 7 parachutistes, points blancs d'espoir, nous apparurent comme le signe indiscutable du débarquement allié. Course échevelée vers le parachute le plus proche. Sa chute dans un champ de blé. L'interwiew qui s'en suivit avec l'américain blessé que nous cachèrent dans la haie à l'approche des allemands avant de nous enfuir. A quelques mètres, le radio sous-lieutenant Humphrey (ou Andrew) WORD, capturé sain et sauf. Sa crânerie, sa maîtrise de soi, son sang froid face à l'ennemi, sans compter sa mâle prestance, sa flegmatique assurance, font que je n'oublierai jamais ces heures d'une dramatique si intense. Je suis heureuse d'avoir osé, au nez et à la barbe des chleus qui le gardaient, lui parler et lui dire combien tous les français étaient de coeur avec eux. La photo rend mal la réalité qui fait mal, qui de cette merveille qu'est la forteresse volante fit des amas de débris sans nom, ferrailles tordues, fondues en blocs informes par le feu. Le long de l'arbre calciné par l'incendie s'aggrippe ce qui fut jadis une aile. Un des moteurs, masse informe, gît au pied de l'arbre. Un autre moteur dans l'allée même, les pales de l'hélice enfoncées dans le sol. Le quatrième fut emporté de suite, étant en bon état. Partout, sur un pourtour impressionnant, ce ne sont que débris, projetés à quelques 500m parfois. Il ne reste plus rien aujourd'hui de la masse imposante qui fut jadis "the little hell's angel". Tout a été enlevé et de bien pénibles représailles ont suivies car la solidarité franco-américaine qui s'y était manifestée ouvertement a été jugée de bien mauvais ton par nos occupants.
Voici les références du libérator : N° 25053 "Little Hell's Angel" (1). A l'adresse de la luftwaffe, sur la carlingue, cette devise : "If you can read this, you are too damn close"(2).
Pauvres garçons : deux étaient morts dans l'appareil, un autre fut trouvé au village de la Tuilerie, commune de St Philbert, les deux jambes fracassées(3). Un autre (celui auquel j'ai parlé) et auquel Gilbert CHANSON donna une vigoureuse poignée de main , était blessé au bras et à la jambe. Un autre que la maladresse de B.P. fit prendre. Un autre qui fut vendu (quelle horreur) par H. et P.G., WORD qui fut capturé vers la garoterie (village de St Philbert), 2 ou 3 autres qui grâce à des complicités parvinrent à se sauver. Les blessés furent l'objet d'une grande ovation à St Philbert et à Legé où ils ne séjournèrent que quelques heures. Depuis, l'aviateur serait décédé à ce qu'il s'est dit. Le fuselage du libérator primitivement était tombé dans une vigne. La photo a été prise après son déplacement.
(1) Le numéro est exact (42-5053). En revanche, les noms des aviateurs ne correspondent pas à la réalité. Quant au type d'avion, il s'agit du b17 et non du Liberator. Un autre témoin (Denise Moinet) m'a dit avoir lu sur une plaque "petit ange du ciel". Etait-ce une mauvaise traduction de "Little Hell's Angel"? Angèle Bernier avait écrit ce texte peu de temps après le crash, ce qui explique la précision de ses propos
(2) Cette phrase est citée par ailleurs par le témoin René Gouy
(3) Lire la biographie de William Hulett
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