|
Résistant
- - ___ - -
Source
écrits de Jean Nicolas
M. et Mme Jean NICOLAS
31 rue de la Grève
29160 LANVEOC
Le 20/12/1994
Réfractaire
au S.T.O. et engagé dans la résistance en juin 43 au groupe de
Basse-Indre L.A. sous les ordres de Jean Ligonday qui sera chef de
libe-Nord région Ouest. Après l’arrestation du général Audibert,
Ligonday sera lui-même arrêté à Rennes en avril 44 et déporté.
J’ai donc eu le grand plaisir de récupérer ces 2 aviateurs dans le
secteur de St-Philbert de grandlieu. Nous étions à trois à les
accompagner à vélo. 35km la traversée de la Loire au bac de Basse-Indre.
Cette photo a été prise le 14 juillet 1943 chez Jean Ligonday devant le
drapeau français et développée chez un photographe originaire de
Douarnenez (Louis Guillou) son épouse étant comme moi de Lanveoc. Son
frère également installé comme bijoutier à Basse-Indre. Un autre
résistant de notre groupe était également d’origine Douarneniste, Henri
Guennec domicilié à Ste Pazanne L.A. Il fût déporté en 44 de même que
son épouse.
J’ai eu l’occasion fin septembre d'accompagner également 2 aviateurs
anglais à Chateaubriand, qui furent camouflés à Chantenay. Je n’en ai
jamais entendu parler d’eux depuis. Si mes souvenirs sont bons, ils
avaient été abattus lors du bombardement de Nantes le 23/09/44 Pour
complément, vous pouvez vous reporter au livre de Boterf « La Bretagne
dans la guerre » Tome III page 271, 272
Le pilote était William Wetzel (27 ans) Ralp McKee étant officier
navigateur (21 ans) Si vous le désirez, j’ai une autre photo où se
trouve Jean Ligonday, son épouse et moi-même en compagnie des 2
américains.
Vous souhaitant bonne réception agréer je vous prie mes sentiments
distingués.
Récit écrit par Jean Nicolas
Juin 1943
Jean Nicolas, Raymond Rogel de Lanveoc, Pierre Roudaut de Crozon ont
reçu leur convocation, de se rendre en gare de Quimper avec linge de
corps, couverture, et nourriture pour 3 jours pour se rendre en
Allemagne au titre du S.T.O.
Les trois amis eurent la chance d’être mis en relation avec A. Ledu,
résistant à Crozon. Mr. Feroc de Brest, dont le frère, représentant en
pharmacie à Nantes, leur proposa la solution nantaise, avec possibilité
d’évasion vers l’Angleterre.
Cela se passa rapidement. A Ledu nous emmena à Chateaulun où Mr Feroc
et sa mère nous prirent en charge. Arrivée en pleine nuit en gare de
Nantes. Recommandations, séparez-vous, vous aurez de la visite sans
tarder, en effet le temps de prendre contact, rendez-vous fût pris pour
17h à la gare. En attendant partez vers la campagne, reposez vous. Dans
une ferme, où nous demandons de nous cacher dans la grange, on nous
répond, votre place n’est pas ici mais au château, merci madame, nous
nous camouflons dans un champ.
Le soir une voiture nous attendait à la gare et en route vers le
destin. Logement 1 rue du bois d’Hérée à Chantenay où nous pourrons
faire plus ample connaissance avec nos protecteurs appartenant au
groupement FFI de Basse-Indre, sous les ordres de Jean Ligonday et
responsable de Bretagne-Sud. Là nous signons notre engagement dans la
résistance (il y en eu 700 dans la région) Ils nous assuraient une
bonne part de notre ravitaillement, nous n’avions plus de tickets. Le
café voisin, surtout la mère et la fille nous aidèrent beaucoup, nous
prenant en amitié qui dure toujours ; le mari était Autrichien et
travaillait dans un garage allemand. Jamais il ne nous dénonçât. Nous
avions aussi, en cas de coup dur, un autre point de chute dans un café
au bas de Chantenay, chez Pierre Mauge (Pierre, son épouse, son fils et
sa mère furent arrêtés en janvier 1944, martyrisés, déportés, seule la
nièce revint)
Nos amis travaillaient pour nous, Raymond et Pierre furent ? chacun
dans une ferme à la Limouzinière, commune du canton de St-Philbert de
Grand Lieu, moi je dûs attendre à Basse-Indre, logé chez le pharmacien
ou l’épicier Félix Guyot (maire de Basse-Indre à la libération) Cela me
permis de faire la connaissance de deux Douarnenistes, les frères
Guillou, un bijoutier, l’autre photographe, marié à une Lanveocienne,
cela nous rendit le moral. Cela me permit aussi avec Jean Ligonday et
Félix Robic (autre résistant) d’aller récupérer deux aviateurs
américains abattus lors du bombardement de Château-Bougon le 8 juillet.
C’est un exploit de St-Philbert à Basse-indre, 35 km à vélo tous les
cinq traversant les bourgades ? cantonnait l’Afrika-Corps passant la
Loire sur le bac d’Indret. Camouflant nos gaillards chez Ligonday en
plein jour. A la nuit tombée tout le groupe planqué dans les embrasures
de portes, pour emmener à la douche et visite chez le Dr Pequin, ils en
avait besoin et tous au bercail. Ils passèrent en France un bon bout de
temps et firent plusieurs tentatives d’évasion accompagné de Pierre
Mauge. Voir la Bretagne dans la guerre M. Boterf tome III page 271.
J’ai retrouvé leurs traces aux USA par l’intermédiaire d’un officier
américain basé à l’école navale, sa mère était bretonne originaire de
Riec sur Belon, sa grand-mère tenait un étal aux halles à Quimper.
William Wetzel était décédé. Ralph McKee, de mon âge, ingénieur à la
NASA, m’a expédié le récit de ses aventures chez nous. (si cela vous
intéresse, ma fille l’a traduit)
Je fus enfin placé à La Limouzinière, chez un artisan menuisier Mr
Briand. J’étais chez eux comme à la maison, logé nourri, argent de
poche, et j’avais retrouvé mes amis. Cela dura jusqu’à fin août. Un
accident de travail m’obligeant à regagner Basse-Indre. Dés lors, je
passais mon temps à accompagner Jean Ligonday à Nantes lors de réunions
secrètes avec le Général Audibert. Je surveillais les alentours. Je me
suis même payé le luxe d’aller en zone interdite jusqu’au Pouliguen
chez un cousin ingénieur aux chantiers de St-Nazaire, passant 3 jours
en famille, promenades en presqu’île de Guérande. Ligonday avait obtenu
un laissez-passer à la kommandantur de St-Herblain et j’avais ma fausse
carte. Tout s’est très bien passé et j’ai même embrigadé mon cousin
(ci-joint un article d’un journal local) Le 16 septembre 1943,
j’échappai de peu à la mort me trouvant sur les quais de la Fosse lors
du 1er bombardement de Nantes. Le 23 septembre (2ème bombardement)
j’étais de retour chez le père Briand juste pour mes premières
vendanges. Je fus rappelé début octobre pour cette fois ci récupérer à
Chateaubriand, toujours avec Ligonday et le chauffeur du camion, 2
aviateurs Anglais. Le voyage retour se passa bien. On s’est même permis
de rentrer avant Nantes dans un café et d’y boire une bière. Avant de
déposer nos colis chez Pierre Mauge. C’est lui qui les expédia ensuite
par la filière Suisse. Le retour à Basse-Indre vers 1 heure du matin
était délicat. Nous passions à vélo devant les dépôts de carburant de
la Roche Maurice. Arrêtés par les sentinelles Jean exhiba sa carte de
capitaine de service sanitaire dotée de la croix rouge. Quant à moi je
n’avais que ma fausse carte. Il me fit passer pour son assistant
revenant d’une opération à Nantes et hop !
Un jour on nous envoyât en mission tous les 3 à Ste Pazanne chez le
responsable du secteur, chef de l’usine électrique encore un breton
d’origine Douarneniste, Henri GUENNEC et son épouse « Tata » originaire
des Landes. Tous deux seront arrêtés et déportés en janvier 1944 et
reviendront des camps. Ils m’ont rendu visite en 1949. Henri est décédé
il y a une dizaine d’années et son épouse (88 ans) s’est retirée à
St-Céré (41)
Mais début novembre cela se gâte pour nous, nous sommes dans
l’obligation de quitter La Limouzinière, de retour à Basse-Indre on
nous embauche aux Forges du même nom. Toutes les semaines suivantes
nous changeons de domicile, la délation est là, jusqu’au jour où le
garde-champêtre (résistant) vient nous avertir de quitter notre travail
illico, de traverser la Loire, pour rejoindre en face La Montagne, où
l’on nous attend. La Gestapo sera à midi 10 au restaurant de la
Terrase, face à chez Ligonday, où nous mangions et dormions et feront
chou blanc. Le soir nous pourrons reprendre le bac et en route pour
Chantenay chez un autre ami où nos bagages nous attendent et train de
nuit pour Quimper sans ennui. Contact chez un industriel en face la
gare de marchandise. Nous dormons chez le frère de Raymond, étudiant
replié de Brest (rue Victor Hugo, moulin vert) à l’insu de la
propriétaire.
Le lendemain on nous fait embaucher à la manutention de rails et
traverses de chemin de fer pour réparer les lignes sabotées. Nous
mangions au wagon-réfectoire, dormions dans un wagon-dortoir jusqu’au
5ème jour où un brasero mettra le feu au wagon dortoir. Notre cavale
était terminée, nous décidâmes de rejoindre nos pénates. Raymond reprit
son travail. Pierre aussi, sans difficulté. Ces entreprises travaillent
pour la TODT
Quant à moi, je ne voulais plus travailler pour les Boches et me
planquais soit chez mes parents ou des amis. Je restais malgré tout en
relation avec Jean Ligonday (le courrier était adressé à ma sœur et
détruit aussitôt) Fin décembre un groupe était constitué à Lanvéoc sous
la responsabilité du Capitaine de réserve Coadou (Jules César qui sera
Commandant de la place de Châteaulin à la libération : De Victor
Noblet, notre ancien directeur d’école, Raymond et moi fûmes chargé du
recrutement comme chef de groupe. Fin janvier nous étions une
trentaine, jeunes et anciens. Notre groupe est d’ailleurs homologué
officiellement sur la liste départementale.
Jean Ligonday fût obligé de quitter Basse Indre en janvier 44. Les ¾ du
mouvement de Nantes est arrêté dont le Général Audibert et son épouse.
Les Mauges, les Guennec, Dupont à la Limouzinière et d’autres que je ne
connaissais pas. Bref le réseau est démantelé.
Replié sur Rennes, Ligonday continue son activité, il nous demande un
jour de lui fournir renseignements et plans complets bien détaillés de
la B.A.N. du Poulmec, cela fut fait par J Boss travaillant sur zone. En
début mars, son frère Yves et moi-même, le plan réduit chacun la moitié
cousue par ma tante, dans l’épaulette du pardessus, nous primes le
train à Plomodiern via Rennes. Jean nous avait donné rendez-vous dans
un hôtel, près de la gare. Nous avons passé la nuit au secours
national. Nous nous rendîmes au rendez-vous. L’hôtel fourmillait
d’Allemands, nous n’étions pas fiers, la préposée nous rassura, il ne
tardera pas à venir le temps d’un déjeuner et il nous amène dans sa
retraite, récupère les plans et nous reprenons le train. En avril, Jean
fût arrêté, déporté, torturé mais il ne parla pas. Il m’avait conseillé
par courrier de quitter mon domicile craignant de parler sous la
torture. Une autre anecdote qui aurait pu mal tourner, sur la foi de
bons renseignements notre trio à vélo allâmes trouver à St-Etienne de
Corcoué, un Général de gendarmerie en retraite, de la promotion De
Gaulle. Quel accueil, il gueulait à tout azimut qu’il ne voulait pas
avoir à faire à des bandits, ameuta le voisinage. Nous dégageâmes les
lieux en vitesse, cela se passait en août 43.
Raymond, peu après avoir fêté ses 22 ans (le 24/06) son frère Gilbert
19 ans furent pris dans la rafle du 30 juin 44 à Crozon. Ils ne
reviendront pas des camps. Ils étaient les deux seuls enfants d’une
modeste famille de Lanvéoc, le père y était facteur. Pierre et moi
après avoir franchi les lignes ennemies à Pentrez avec onze gars de mon
groupe, le 26 août 1944, mêlé à un convoi de réfugiés quittant la
presqu’île, avons participé à la libération de la presqu’île, dans la
compagnie du même nom. Nous engageâmes par la suite pour la durée de la
guerre
Pierre au 118ème R.I moi au 19ème Rt de Dragons sur le Front de Lorient
et dégagé des cadres en octobre 45.
Pierre est décédé dans sa cinquantième année
Jean Ligonday à la suite de l’arrestation du Général Audibert, fût
nommé responsable de Libre-Nord pour la Bretagne. Je possède un double
de son activité résistante qui me fût offert suite à l’inauguration
d’une place à son nom à Basse-Indre. Je vois également son fils à
Ste-Luce sur loire quand je me rends à Nantes. De même que les 4
survivants du groupe de Basse-Indre depuis 90 je suis le n°5.
Je joins également une photo prise le 14 juillet 1943 chez Jean
Lignonday. Y figurent Jean et son épouse, les 2 américains et moi-même.
La photo fut prise par Félix Robic.
Ma prose est peut-être un peu longue il y aura sans doute des fautes.
L’orthographe est comme le bonhomme, elle vieillit. Ce sont des
aventures qui marquent une vie et que l’on n’oublie jamais. Le
traumatisme des jeunes n’existait pas à cette époque. Heureux était
celui qui en échappait.
En 1942 pour sabotage de biens allemands, je fus emprisonné du 12 mai
au 12 juillet. J’ai connu les prisons de Mesgloaguen où j’ai connu dans
la même salle, le bedeau de l’Ile de Sein.
Portzmoguer, ma fille en vacances à sein, y a rencontré sa veuve il y a
2 ans. De Mezgloaguen en route pour la France. Le cherche-Midi et
promenade de gare de Lyon, chacun son gardien nous tenant par la
manche, devant des gens indifférents, route vers Fort-Hauteville Dijon
gardé par Français, dont un douanier de Concarneau qui me rendra
beaucoup de services (recevant particulièrement mes colis) des jeunes
bretons me tenaient compagnie de Landerneau , Rosnoin, St-Mzlo (2
frères 13 et 14 ans 4 ans de prison pour avoir trouvé un révolver dans
une poubelle) ceci termine l’épisode de 3 jeunes finistériens.
Lire la
biographie de Jean Ligonday
Lire la biographie du Général Audibert
|